
Dans cette nouvelle série intitulée « Face aux reflets », Sabine Christmann dispose avec harmonie et ingéniosité des objets de la vie quotidienne tels que des sacs publicitaires, des bouteilles et des produits alimentaires sur des fonds épurés, tout en jouant avec les reflets. Optant pour une représentation hyperréaliste, elle propose aux spectateurs des éléments inhabituellement représentés en peinture, extirpés de leur contexte, tout en travaillant sur le rendu et la texture du verre, du papier froissé et de la transparence. Les tons froids et les bleus dominent ces compositions qui rappellent des natures mortes modernisées, où il ne reste plus que l’emballage et la marque, symboles de la consommation occidentale. Les objets sont positionnés sur une surface jouant un rôle de miroir, et l’attention se porte sur les lignes créées par ce dédoublement ainsi sur les ombres. Il y a une véritable interaction entre les éléments qui semblent avoir été posés là par hasard, et une nouvelle considération des objets auxquels l’artiste confère une dimension artistique. Sabine Christmann ne se focalise pas sur une quête d’objectivité, mais sur l’interaction entre la perception objective et subjective, et sur le rendu général donné par des éléments individuels. Ces derniers sont assemblés pour créer de petites histoires tout en faisant appel à la réalité propre de chacun, ce qui permet d’étendre la signification donnée par l’artiste elle-même. Les objets de tous les jours apparaissent comme des personnages sur scène, ils prennent des attitudes, cherchent la proximité ou la distance, même si leur position est fixée dès le début, le processus de peinture n’est jamais planifié et laisse des traces visibles sur la surface rugueuse.
« Dans le calme, les objets du monde des consommateurs apparaissent comme des personnes sur une scène. La «pièce» qu’ils jouent demeure ambiguë et intrigante. La peinture elle-même, qui est sensible dans sa matérialité et dans les stimuli de surface, ainsi que l’emploi de sa propre perception sont d’une importance capitale pour moi. »
Les histoires inventées par Sabine Christmann sont variées, parfois intentionnelles ou coïncidentes en fonction de la personne qui contemple son œuvre. L’artiste revendique l’impossibilité d’une représentation objective en peinture, qui au contraire est porteuse de la subjectivité qui s’écoule involontairement pendant le processus de création.
Cette exposition a fait l’objet d’un article de Jean Paul Gavard Perret, critique littéraire et d’art contemporain dans Carnet d’art