
Heliotrope : « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » aurait gravé Platon au fronton de son Académie athénienne pour instaurer le primat de l’abstraction idéale (géométrique) sur la pensée vulgaire, chaotique, mortelle. Or, en regardant à travers les vastes baies vitrées peintes par Mickael Doucet, on ne voit plus forcément le monde de la même manière.
Les intérieurs peints par l’artiste sont, par une étrange mise en abîme, eux-mêmes des sortes de « lieux d’art et de contemplation » … C’est une peinture complète parce qu’en plus d’être métaphysique, elle est aussi fondamentalement décorative.
Ses vanités d’inspiration orientales, cherchent à se fondre non pas dans la transcendance divine (« vanitas vanitatum omnia vanitas » disait l’Ecclésiaste), mais dans l’immanence, autrement dit, dans le paysage. Parce que l’architecture picturale de Mickaël Doucet est aussi, surtout peut-être, une peinture très paysagère.
Les humains ne sont pas absents de ses peintures, loin s’en faut. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un paysage est un objet artistique extrêmement complexe et subjectif. Les villégiatures de Mickael Doucet, paisibles et ouvertes, nous rappellent que le paysage n’est pas un décor.
Devant les tableaux de Mickael Doucet, le spectateur ne regarde pas un panorama à travers de grandes baies vitrées ; tel un shao huo, il est désintégré. Sublimé. Son effluve hante librement les lieux et contemple une dernière fois le monde des hommes avant de se fondre, en paix, dans le paysage… «
Vincent Choffrut
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