
L’esprit de Paris met en scène des quartiers de la Ville lumière au travers du filtre du cinéma. En explorant la question de l’illusionnisme par des effets-cinéma, Anne Vanrechem, plasticienne, interroge la question de la cinématographicité d’une œuvre et pose un regard onirique sur sa ville, Paris.
L’artiste présente une série d’Images-lumières dont la technique s’inspire du pré-cinéma, accompagnées d’un dispositif vidéo réalisé en collaboration avec Annie Mercier, ethnologue-cinéaste, ainsi qu’une bande sonore conçue avec Olivier Favre, musicien.
« Être de Paris, ce n’est pas y avoir vu le jour, c’est y voir clair. »
Cette phrase de Sacha Guitry annonce la tonalité de l’exposition qui convie le regard à explorer des frontières qui souvent s’entremêlent et se chevauchent.
Entre jour et nuit, visible et invisible, rêve et réalité, conscient et inconscient, l’univers cinématique de l’artiste télécharge le spectateur dans une magie visuelle à laquelle le cinéma est intimement lié. Alliant photographie, peinture et pré-cinéma, les Images-lumières d’Anne Vanrechem renouent avec les illusions d’optique inventées par les précurseurs du cinématographe. Jeux de transparence et de fondu- enchaîné créent l’illusion du mouvement.
L’artiste joue sur l’aspect diurne et nocturne, mais aussi sur des rythmes de lumière qui provoquent apparitions et disparitions de sujets dans l’image, changements de couleur, effets de matière, zones d’ombre.
La lumière, matériau qui unit scène de jour et scènes de nuit, est dirigée de manière à créer une dramaturgie. Différentes visions sont alors proposées au spectateur. Les Images-lumières fonctionnent comme un téléviseur. Elles s’animent à l’intérieur d’un cadre rétro-éclairé où rythmes colorés et clairs-obscurs engendrent une symphonie visuelle.
La pièce maîtresse de l’exposition, Dernier Tango à Paris, inspirée du film réalisé en 1972 par Bernardo Bertolucci, est présentée sous forme d’installation mettant en rapport les Images-lumières et leur prolongement cinématographique.
Une vidéo, projetée aux côtés de l’œuvre, en explore les détails et la transforme en récit dont la dynamique sonore repose sur des dialogues du film orchestrés dans une composition musicale.
En associant des images appartenant à des supports et à des temporalités différentes, Anne Vanrechem crée une symbiose entre réalité et fiction.
Elle photographie des lieux de tournage et réalise des captures-images de personnages de film qui s’intègrent dans l’œuvre.
Elle plante aussi elle-même le décor, au gré d’axes routiers ou ferroviaires parisiens, en optant pour un angle de vue qui offre une profondeur de champs.
Puisés dans l’univers du cinéma ou de la musique, les personnages sont déplacés de leur contexte d’origine. Les Beatles traversent des rues du 20ème et courent dans celles du 18ème, Audrey Hepburn marche sur un quai de la station RER Javel, Maria Schneider et Marlon Brando s’embrassent sous le pont de Bir Hakeim…
La bande-son de l’exposition est composée selon ce même principe de collage et de montage ravivant la mémoire sonore du 7ème art. Des dialogues extraits du film Dernier Tango à Paris s’enchaînent avec des compositions musicales intégrant des paroles de films français des années 30-40 et des standards entre jazz et Beatles interprétés par Minnie Picoux.
Aussi improbables que réelles, les Images-lumières, vidéographiques et sonores, de cette exposition racontent —->> l’esprit de Paris