
RDV en galerie pour la Nocturne du 14.06 en collaboration avec les Jeudi Arty pour découvrir les oeuvres aériennes de notre sculpteur fétiche et poétique Alexandre Bour.
Les sculptures d’Alexandre Bour sont composées de matériaux bruts et d’installations de lumières jouant sur les ombres portées. Comme transparentes et néanmoins habitées, ses œuvres flottent en apesanteur. En suspendant ces silhouettes de fils métalliques, l’artiste créé un monde de douceur et de légèreté. La prouesse de sa technique est mise en valeur grâce au jeu de clair-obscur qui dévoile la délicatesse de chaque pièce, tout en révolutionnant la conception que l’on se fait des œuvres d’art. Il compose avec des éléments insaisissables tel que l’ombre et la lumière.
Alexandre Bour livre avec douceur l’assujettissement du fil de fer. Dompté par la légèreté d’un doigté artisanal le fil se cambre, danse et se courbe sous les mains de son créateur. L’objet final après cette lutte de matière prend la forme d’installations aériennes de personnages suspendus, composés de métal, d’ombre et de lumière qui transcendent la perception du spectateur dans l’espace. Ce sculpteur français met en scène une habile chorégraphie mêlant à la fois le devenir du fil de fer qui s’entrelace et également la gestuelle du curieux amené à valser autour de l’objet pour le découvrir sous toutes ses facettes. Ainsi lorsque le spectateur contemple ces personnages virevoltant dans l’espace aérien, son regard est également transcendé par cette présence parallèle de l’ombre qui se reflète sur le mur, créant une perception subjective de plusieurs réalités en interaction. Cette « ombre-reflet » est également appelée « skia » dans la Grèce antique. Le dédoublement de la ligne induit par l’ombre portée donne une lecture dynamique en deux points de vue différents sur un même objet. La sculpture devient un véritable dessin dans l’espace, elle est alors pensée en termes de structure. La production de ces croquis en volume est le résultat d’un travail complexe de projection, passant par l’influence réciproque de la technique et du dessin. Cette pratique artistique cache un travail minutieux et délicat.
Cette ré-introduction de l’ombre comme constituant à part entière de l’objet d’art renvoie au mythe précurseur de l’histoire de la représentation figurée. On raconte, quelques siècles avant J.C., l’histoire d’une jeune fille du village de Dibutade qui, pour ne pas oublier le visage de son amant partant à l’étranger, « entoura d’une ligne l’ombre de son visage, projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ». De fait Alexandre Bour avec romantisme et virtuosité capture les mouvements du corps pour donner vie à des histoires et à des personnages qui semblent sortis tout droit d’un rêve. L’artiste représente avec réalisme des visages, des corps mais aussi la faune et la flore. L’harmonie des lignes met en lumière une justesse d’expression. Ses personnages ont un caractère anecdotique, mis en scène tels des micro-récits. L’artiste propose ainsi une invitation au voyage à celui qui pose son regard sur ces œuvres.